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Corpus Delicti
23 mai 2009

Barricades

Une photo, jaunie -cliché, on n'en sort pas, c'est comme les nuages, de plomb, jamais d'acier-.  Au coin est dessiné un cœur, minuscule, à l’encre bleue. Ils sont assis côte à côte.sur des chaises. Celle de l’homme est plus haute ; ça ne saute pas aux yeux, je l’ai vu il y a peu. La tranche du cliché est dentelée, sourire, comme le timbre d’une carte postale qu’on enverrait dans le temps. A des gens que l’on ne connait pas forcément. C’est étrange de vouloir être photographié. J’essaie de me souvenir ce qui m’est passé par la tête la dernière fois ; sans doute quelque chose de futile. Dans leurs yeux ce n’est pas ce qu’on lit. De la gravité teintée d’interrogation. Pourquoi ces portraits donnent-ils tous cet air aux gens ? Même à ceux qui savent rire. Étonnant. Je les trouve ridicules ainsi graves et engoncés.

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