A toi
A toi la mère que je n'ai pas eue, belle comme le jour, pure comme la mort
A toi l'enfant dont l'inexistence ne lui pèsera jamais, dussè-je en crever
A toi qui vas bientôt mourir, seule, le doute frôlant à peine la surface
Du deuil, aveuglément heureuse de la vie que tu as cru me donner
A toi l'emportée miraculeuse, celle dont les chemins jamais ne croisent
Les rites d'effroi et de stupeur, celle que la douleur efface mais jamais ne mord
A toi l'infante des nuits blanches, des jours sang, la fiente des amours étanches
Des soifs de verre plongées au milieu des fleurs en plastique de l'époux mourant
A toi la mère que je n'ai jamais voulue, en ce jour intense de ta pâle mort
A toi dont les eaux ne cesseront jamais de tomber le matin à mes lever
A toi dont l'amour se supporte comme une crasse, la mort comme une trace
A toi qui seras perdue quand ces quelques lignes accortes seront nées
Je dédie le divin cloporte de mes pensées